Immobilier : toute la vérité sur le «moment» d’acheter

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Lefigaro.fr, le 30/06/2016

Depuis des décennies, c’est toujours «le moment d’acheter» de l’immobilier. Laurent Vimont, patron de Century 21, décrypte cette expression fétiche de la profession qui veut tout et rien dire à la fois.

«C’est le moment!», «Pourquoi c’est le moment d’acheter», «Immobilier: cette fois, c’est vraiment le moment!» «N’hésitez plus: c’est le moment d’acheter»… Vous l’avez probablement compris, ce titre est un tantinet provocateur. Est-ce le moment? En immobilier, c’est semble-t-il toujours le moment. Mais est-ce vraiment le bon? N’est-ce pas plutôt celui d’attendre un peu jusqu’à un meilleur moment? Toutes ces questions font la une depuis des décennies. Si l’on en croit les professionnels, c’est toujours le moment d’acheter.

Mais que faut-il penser de cette question tarte à la crème dont la sémantique est également très floue? Laurent Vimont, président de Centrury 21 France, nous explique pourquoi cette question est devenue populaire… alors qu’elle ne veut strictement rien dire.

LE FIGARO IMMOBILIER. – Comment expliquer la popularité de cette expression et ses variantes? Depuis combien de temps est-ce le moment?

LAURENT VIMONT. – Très franchement, cela fait bientôt trente ans que je travaille dans l’immobilier, et je ne me rappelle pas d’un dîner où l’on aurait oublié de me poser la question! Dans le milieu, elle est aussi systématique que le «c’est grave, docteur?» lorsqu’on rend visite à son médecin. Il suffit de voir sa popularité, qui a en grande partie été forgée par les médias, jusqu’à ce qu’elle devienne incontournable!

Et lorsqu’on vous pose la question, que répondez-vous?

Je ne dis pas oui. Je ne dis pas non. C’est une question qui est mal posée. En vérité, ce n’est pas une histoire de bon ou de très bon moment, c’est avant tout une question de projet. Quand on me pose la question, je demande surtout quel est le projet! C’est ça qui est important. Il n’existe aucun moment miracle. Il y a des dizaines de réponses possibles pour autant de questions.

Quelle question faut-il poser alors?

La vraie question qu’il faut se poser, c’est si je «peux» acheter, et si oui, quoi? Vous connaissez beaucoup de personnes qui sont absolument contre l’idée d’acheter alors qu’elles en ont les moyens? L’équation à résoudre est la suivante. On passe du je «veux» acheter au je «peux» acheter. Au début ce n’est qu’un rêve, puis on est en mesure de le réaliser. Et enfin on le réalise! Il n’y a que des éléments qui rendent «favorabl» l’acte d’achat: des taux très bas, la hausse du pouvoir d’achat…

Néanmoins, vous admettrez que par exemple, c’était davantage le moment d’acheter à Paris il y a 20 ans que maintenant…

J’allais y venir. Les prix de l’immobilier ont augmenté de 180% à Paris depuis les années 1990… Et c’est tout le problème! On ne se rend compte que «c’était le moment» qu’une dizaine d’années après. Évidemment qu’aujourd’hui, ceux qui ont eu la possibilité d’acheter en 1995 se réjouissent de ne pas avoir à le faire aujourd’hui. Idem pour les acheteurs pour qui ont pu acheter il y a dix ans!

Viendra-t-il un jour où cela ne sera plus le moment?

Je suis évidemment incapable de vous le dire! Je vous donne rendez-vous dans dix ans

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